

Régie Plus a associé poésie et pragmatisme pour nommer son service de « tranquillité publique » : « Tours de Quartiers ». Les cinq médiateurs et quatre médiatrices bénéficient de contrats adultes-relais répondant à trois critères : être âgé de plus de 26 ans, être au chômage et habiter l’un des Quartiers Prioritaires de la Ville — dans les faits, la majorité vivent dans le quartier du Sanitas.
Certains disposent d’une expérience dans le secteur social, d’autres sont en complète reconversion. L’enthousiasme et le sentiment de faire oeuvre utile sont en revanche unanimement partagés. « Quand mes enfants me demandent ce que je fais, je réponds que j’aide les gens » résume l’un d’eux.
Les deux chefs d’équipe et le chef du service sont quant à eux en CDI. Si l’on ajoute le « lien social », le pôle médiation représente 17 équivalents temps plein, un quart du personnel de la Régie. Pour composer des équipes mixtes, il a fallu pour cela s’adapter aux obligations des mères célibataires.
Autodidacte, mais fort d’une longue expérience d’animation et de médiation — avec un détour par la maçonnerie —, le chef de service allie charisme, empathie et sens de l’observation pour amener progressivement les médiateurs sur le terrain. Ceux-ci bénéficient de 17 journées de formation réparties sur plusieurs mois, autant d’occasions d’analyser les expériences en cours.

Les neuf médiateurs se répartissent en deux équipes de jour et deux équipes de soir. Entrée et sortie d’école et de collège sont des rendez-vous quotidiens. Le reste consiste en maraudes dont les itinéraires varient en fonction des besoins avec une exigence constante « d’aller vers ». « Nous ne sommes pas des éducateurs de rue, précise le chef de service, même si nos approches peuvent parfois se confondre.
Sauf exception, nous n’accompagnons pas les personnes que nous rencontrons, mais nous pouvons les orienter vers d’autres structures. »
Chaque retour de maraude donne lieu à un compte rendu, permettant à l’équipe suivante d’être au courant des problèmes rencontrés et des réponses apportées par les collègues. Une équipe de jour a pu ainsi par sa présence éloigner un homme rodant près des grilles d’un collège. « Nous n’intervenons jamais physiquement, explique le chef de service. En cas d’altercation, je demande aux médiateurs de se mettre en sécurité et de m’appeler. S’il y a lieu, je préviens les autorités compétentes. »
Dans la plupart des cas, la seule présence des médiatrices et médiateurs, que beaucoup dans le quartier connaissent par leur prénom, suffit à rassurer et apaiser les tensions. Qu’ils jettent dans un container un sac poubelle abandonné dans la rue ou donnent quelques conseils à une personne sans domicile nouvelle dans le secteur, ils donnent l’exemple et œuvrent à la beauté du vivre ensemble.
