Entretien avec François Antoine Mariani, Commissaire Général délégué de l’ANCT
Le partenariat entre l’État et les associations est consubstantiel à la politique de la ville. Quel dialogue entretient-il entre la nécessaire autonomie locale et une vision plus large, nationale, soucieuse d’équilibre et d’harmonisation ? Comment a-t-il évolué ces quarante dernières années ?
Aujourd’hui, 1 514 quartiers sont identifiés comme prioritaires. Dans ces territoires qui cumulent les difficultés, les associations sont souvent les premiers remparts de la République.
Bien conscient de ce rôle incontournable, l’État consacre près de 60 % des crédits de la politique de la ville aux associations et apporte 223 M€ au soutien à la vie associative en 2020. Les 10 168 associations
financées sont des têtes de réseau comme des associations de grande proximité. Dans le respect de leur objet et dans un dialogue constant, l’État s’appuie sur des têtes de réseau pour structurer le paysage associatif
et sur les associations locales pour agir au plus près des habitants. Ces niveaux d’intervention sont complémentaires et s’articulent dans un esprit de coopération.
Quel bilan peut-on tirer aujourd’hui des nombreux dispositifs et appels à projets mis en place par l’État depuis quelques années (Fabrique Numérique de Territoire, Quartiers Fertiles, Conseillers Numériques, Tremplin Asso...) ?
Les programmes nationaux mis en place par l’ANCT et ses partenaires face aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux actuels, visent à accompagner des structures en capacité d’offrir des réponses
adaptées au niveau local.
- L’AMI « Fabrique de Territoires » avait pour but de favoriser la création de 300 tiers-lieux privés et publics « ressources » pour d’autres tiers-lieux de leur territoire avec une aide financière de 150 000 € répartie sur 3 ans. Près de la moitié sont situés dans les quartiers prioritaires et 32 d’entre elles, les « Fabriques numériques de territoire », ont reçu en 2019 un bonus de 100 000 € pour les aider à relever le défi de l’inclusion numérique.
- En juin 2022, 4 000 conseillers numériques France Service financés par l’État seront recrutés et formés. À ce jour, 3 900 postes ont été validés pour des structures publiques ou privées. Plus de 900 conseillers ont terminé leur formation et accompagnent les habitants des quartiers dans leur appropriation des usages numériques quotidiens. Sur tout le territoire national, 26 500 personnes ont déjà été accompagnées.
- TremplinAsso soutient le rôle essentiel des associations structurantes pour la cohésion sociale et l’émancipation des habitants des quartiers. L’État finance à hauteur de 45 M€ sur 3 ans les actions des 44 associations lauréates. À l’issue de 3 années, Tremplin touche 168 000 bénéficiaires, compte 2 700 actions développées dans 13 régions métropolitaines avec la Corse et 7 territoires d’Outre-Mer, et 93 départements au total.
- Grâce à un accompagnement financier de 34 M€, « Quartiers Fertiles » soutient 100 fermes urbaines réparties dans 140 quartiers prioritaires. Avec leur expertise comme animateurices de jardins partagés mais également au titre de leur activité en matière d’insertion, les Régies de Quartiers sont parties prenantes de ce dispositif en tant que porteuses de projet ou partenaires associés.
- 84 Cités de l’emploi ont été labellisées depuis le début de l’année 2020 pour un montant financier de 8,4 millions d’euros par an. Sous co-pilotage des préfectures et des collectivités locales, les cités de l’emploi visent à garantir aux résidents des QPV, via une collaboration renforcée des opérateurs de l’emploi, des associations de proximité et des collectifs d’habitants, le même accès à l’information et les mêmes opportunités d’insertion que celles offertes à l’ensemble de la population.
Les Régies ont su se mobiliser et répondre présentes sur ces différents dispositifs. Mais plus largement, comment définiriez-vous aujourd’hui le rôle des Régies dans la cohésion des territoires ?
Les régies ont montré leur agilité et leur capacité de mobilisation sur des dispositifs nationaux. Elles apportent une forte contribution à la cohésion sociale et territoriale. Les régies sont à la fois des espaces de concertation entre acteurs privés, publics et société civile, et des lieux d’expression et de prise en compte des besoins des habitants. Elles sont pour nous des acteurs essentiels pour inscrire les quartiers et leurs habitants dans une dynamique vertueuse d’inclusion sociale, numérique et économique.