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JO 2024 : un rendez-vous manqué pour les habitants de Paris et Seine-Saint-Denis ?

A un peu plus d’un an des Jeux Olympiques Paris 2024, la déception et la désillusion montent au sein des structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) de Seine-Saint-Denis et de Paris. Les promesses de retombées économiques, de parts de marché réservées aux acteurs de l’ESS, d’emplois créés au bénéfice des habitants des quartiers populaires ne sont toujours pas au rendez-vous.

Pourtant les annonces étaient bien là

Sur la page « Retombées économiques » du site internet des Jeux Olympiques, les engagements sont bien présents « Notre engagement? Que ces opportunités profitent à tous. »

Marie Barsacq, directrice impact & héritage Paris 2024: «Ce sont des Jeux au bénéfice de tous, moteurs de solidarité, mais aussi des Jeux connectés à l’économie sociale et solidaire, l’économie même du partage, et le partage c’est le cœur même de notre vision.»

En 2019, Tony Estanguet, président des JO 2024, est venu visiter la Régie de Quartier de Trembay-en-France et échanger sur les perspectives d'emploi promises par Paris 2024. Et qui devaient notamment profiter aux sept Régies de Quartier de Seine-Saint-Denis, et à leurs centaines de salariés-habitants.

Tony Estanguet à la Régie de Quartier
Tony Estanguet à la Régie de Quartier

 

L’épreuve de tennis de table avant l’heure

A l'annonce de l'obtention par Paris des Jeux Olympiques 2024, et des ambitions affichées de soutien à l'économie locale, à l'ESS et à l'insertion, nous avons rapidement vu ce que pourraient en tirer nos Régies de Quartier – et les futurs Jeux Olympiques !

Les Régies sont ancrées sur les territoires clés des futurs Jeux Olympiques (au coeur des quartiers prioritaires de la politique de la ville parisiens et Séquano-Dionysiens). Elles recrutent quasi exclusivement des habitants de leurs quartiers d'implantation et déploient des activités éminemment utiles pour ces Jeux : propreté urbaine, médiation sociale, cyclo-logistique, traiteur solidaire, etc.

Or, force est de constater que les promesses n'ont pas été tenues, et que les donneurs d'ordre se renvoient la responsabilité des nombreux ratés.

Pourtant le réseau avait choisi d'anticiper, en signant aussi tôt que possible un partenariat avec Icade, qui s'était engagé dans sa réponse au marché de construction du Village Olympique, "à faire des Régies de Quartier du 93 (son) partenaire privilégié pour tenir les objectifs d'insertion, de recours à l'ESS et à l'économie local". Plus d'un an après le début des chantiers, et malgré d'innombrables réunions de travail, les Régies du 93 et leurs près de 500 salariés ont bénéficié de ... 0 heure de travail et d'insertion ! Icade se dit démuni face aux entreprises de travaux ; lesquelles trouvent cet objectif de travail avec les Régies de Quartier trop contraignant, imposé d'en haut, et les mettant à risque au vu "des délais imposés par la Solideo". Et si les services de l'Etat, les élus et même certains responsables d'ICADE se disent désolés de cette situation, aucun ne semble pouvoir agir. Au risque d'éloigner des acteurs comme les Régies, et leurs partenaires et les habitants qui y gravitent, de Jeux Olympiques prétendument "de proximité".

Les structures de l’ESS à taille humaine, sur la touche ?

A Paris, ce sont cette fois les dix Régies parisiennes qui ont souhaité se positionner sur un marché de nettoyage des sites olympiques parisiens. Là encore, une telle proposition allait dans le sens des ambitions politiques et sociales de Paris 2024 : des structures d'insertion, qui collaborent, qui permettent d'impliquer les habitants des QPV parisiens dans l'organisation des JO, sur leur coeur de métier, le nettoyage. La fin de non-recevoir adressée au collectif a, là aussi, douché les espoirs des salariés-habitants de nos Régies : il n'y aurait donc que des multinationales sans ancrage qui seraient en mesure de nettoyer des sites parisiens ? la réalité de l'activité des Régies, et leur professionnalisme reconnu, nous permettent d'en douter.

Sans attendre les résultats de la mission parlementaire prévue pour mai 2023 et en charge de l’évaluation des retombées économiques et sociales des jeux olympiques, nous regrettons que ces jeux ne bénéficient pas, pour le moment aux habitants. Nous sommes pourtant convaincus que des acteurs comme les Régies de Quartier apporteraient aux Jeux Olympiques un ancrage local et une légitimité qui sont indispensables pour en faire un moment collectif partagé et porté par toutes et tous. Il reste 18 mois pour inverser la tendance et faire rentrer les habitantes et habitants dans le jeu.