Assemblée nationale

Les Régies de Quartier et de Territoire font entendre leur voix à l’Assemblée nationale

Le jeudi 5 juin, le Mouvement des Régies organisait à l’Assemblée nationale, avec le soutien de Soumya Bourouaha, députée de la 4ᵉ circonscription de la Seine-Saint-Denis, un colloque consacré aux enjeux portés par les Régies de Quartier et de Territoire. Cette rencontre a réuni un public nombreux et engagé, composé de parlementaires, d’élu·es locaux, de professionnel·les des Régies ainsi que de plusieurs partenaires.
Intitulé « Les Régies de Quartier et de Territoire : actrices des territoires avec et pour les habitant·es », ce colloque avait pour ambition de valoriser le rôle des Régies dans les dynamiques locales, et d’ouvrir un dialogue avec les représentants nationaux pour renforcer leur reconnaissance politique.

Défendre un modèle local, social et solidaire

L’événement a débuté par une ouverture conjointe de Soumya Bourouaha, députée de la Seine-Saint-Denis, et Catherine Simonneau, présidente du Mouvement des Régies. Ce moment a permis de rappeler les fondements du modèle des Régies: une action locale qui combine insertion par lactivité économique, développement social de proximité, transition écologique et participation citoyenne.

Les Régies agissent là où se rencontrent les enjeux sociaux, économiques et écologiques du quotidien. Ce sont des lieux où se construisent, en lien avec les acteurs locaux, des réponses concrètes et solidaires aux défis des territoires populaires.

Malgré quelques difficultés techniques lors de la retransmission en visioconférence, de nombreuses Régies ont suivi les échanges à distance, témoignant de l’attente suscitée par cette rencontre et de l’envie partagée de porter collectivement la voix du Mouvement.

Soumya Bourouaha au colloque

Quatre séquences pour illustrer l’action des Régies

Le programme du colloque s’est articulé autour de quatre thématiques qui structurent l’action des Régies à travers le territoire.

Une dynamique économique inclusive.

Cette première séquence a mis en lumière la manière dont les Régies s’inscrivent dans une logique de développement local par l’emploi en s'appuyant sur un modèle économique hybride reposant à la fois sur des activités de marché et des financements de l'intérêt générale. À travers l’insertion par l’activité économique, elles accompagnent des personnes vers une dynamique d’autonomie et de reconstruction professionnelle, tout en contribuant à l’économie de proximité.

F.Fonton, S.Darani et A.Ziane au colloque

La séquence a été introduite par Frédéric Fonton, vice-président à la politique Emploi et Insertion par l’Activité Économique du Mouvement des Régies et directeur de la Régie Emplois Services du Pays de Lunel. Il a présenté les grandes lignes du modèle économique des Régies, fondé sur l’articulation entre utilité sociale et viabilité économique. Samia Darani, directrice adjointe Emploi, Insertion et ESS au Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, est également intervenue pour évoquer les coopérations entre collectivités et structures d’insertion, et la place spécifique qu’occupent les Régies dans ce paysage. Enfin, Adel Ziane, sénateur de la Seine-Saint-Denis et administrateur de la Régie des Quartiers de Saint-Ouen, a apporté un éclairage institutionnel complémentaire, en soulignant l’importance d’une meilleure reconnaissance politique du rôle que jouent les Régies dans la lutte contre le chômage et l’exclusion.

Un projet social et participatif

Les échanges de cette deuxième séquence ont porté sur l’implication des habitant·es dans les projets des Régies, et sur la manière dont ces dernières participent à la construction de dynamiques locales ancrées dans le quotidien.

intervenants au colloque

Régis Mitifiot, vice-président du Mouvement des Régies en charge du label, a ouvert la séquence en rappelant les principes fondateurs du label « Régie de Quartier / Régie de Territoire », qui valorise la gouvernance partagée et l’ancrage territorial des actions menées. Vincent Énard, directeur de la Régie Diagonales à La Rochelle, a présenté les activités portées localement et leur impact sur le lien social, l’insertion et la mobilisation des habitant·es. Il a illustré comment la Régie s’inscrit dans un tissu local en lien avec les bailleurs, les partenaires institutionnels et les habitant·es. Anne-Laure Ploquin, directrice départementale d’Immobilière Atlantique Aménagement, a partagé son expérience de coopération avec la Régie de La Rochelle, en soulignant le rôle central des Régies dans la gestion urbaine de proximité et dans la relation entre habitant·es et bailleurs.

À travers ces interventions, cette séquence a montré combien les Régies sont des interfaces de confiance et des espaces de médiation entre institutions et habitants, dans une logique d’action co-construite.

Une transition écologique et solidaire

Les Régies interviennent sur de nombreuses actions liées à l’écologie du quotidien : agriculture urbaine, gestion des déchets, réemploi, entretien des espaces naturels, etc. Cette troisième séquence a permis d’illustrer la manière dont elles contribuent à une transition écologique ancrée dans les territoires.

La séquence a été ouverte par Jocelyne Glace, vice-présidente du Mouvement des Régies en charge de la transition écologique et solidaire, et présidente de la Régie de Territoire des Deux Rives à Billom. Elle a posé les grands enjeux de cette transition, en insistant sur la nécessité de l’articuler avec des objectifs de justice sociale. Lise Lalanne, directrice de la Régie de Territoire des Deux Rives à Billom, a décrit les prémices de la création de la Régie sur ce territoire rural isolé, inscrit dès son origine dans une réelle volonté d'agir en faveur de l'environnement en associant toutes les parties prenante du territoire. Elle a ensuite présenté le projet de maraîchage développé à Billom, en zone rurale, une initiative qui associe production locale, emploi en insertion et sensibilisation des habitant·es. Mathilde Lagrange, directrice de la Régie de Quartier Les Rayons à Stains, a exposé un projet mené sur les marchés de Seine-Saint-Denis, à la demande de la collectivité locale Plaine Commune autour de la collecte et du traitement des cagettes. Cette action, à la fois environnementale et sociale, qui mobilise salarié·es en insertion et partenariats locaux, a également été un support de coopération locale entre les SIAE du territoire.

intervenants au colloque

Ces exemples concrets ont montré que les Régies sont en capacité de concevoir et de mettre en œuvre des solutions écologiques qui prennent en compte les réalités sociales des quartiers et des territoires, dans une logique de coopération locale et de réappropriation citoyenne des enjeux environnementaux.

Un modèle de citoyenneté active

Animée par Patrick Norynberg, la dernière séquence de la journée a offert un éclairage sur les pratiques de participation citoyenne portées par les Régies. Patrick Norynberg a partagé un exemple de gouvernance partagée ainsi qu’une initiative de contribution au Grand Débat national, au Blanc-Mesnil, montrant comment les habitant·es peuvent s’emparer collectivement des enjeux publics et peser dans le débat démocratique. Sonia Yassia et Jouda Bardi ont présenté les outils développés par la Régie de Grenoble (Villeneuve-Village Olympique) pour renforcer l’implication des habitant·es. Parmi eux, le jeu FORUM, conçu comme un support ludique de délibération autour de thèmes tels que la citoyenneté, les discriminations ou l’écologie. D’autres actions ont également été évoquées : soirées débats, ateliers avec des publics allophones, initiatives autour de l’écoféminisme, de la justice alimentaire ou de la justice restaurative. Pierre Maitrel, directeur de la Régie de Quartier de Rémire-Montjoly en Guyane, a souligné l’importance cruciale de ces démarches participatives dans les territoires ultramarins. Éloignés des centres de décision, ces territoires trouvent dans l’ancrage local et l’implication citoyenne un levier fort pour faire entendre les besoins et les propositions des habitant·es.

intervenants au colloque

Une dynamique à poursuivre avec les parlementaires

En clôture, Patrick Norynberg et Angélique Rose, déléguée générale du Mouvement, ont proposé la création d’un groupe de travail parlementaire pour approfondir les échanges initiés lors de cette journée. L’objectif est de structurer un dialogue continu avec les élu·es nationaux afin de renforcer le soutien politique, juridique et financier aux Régies.

Plusieurs parlementaires présents ont manifesté leur intérêt pour cette démarche. Leur présence et leur attention tout au long du colloque témoignent d’une réelle reconnaissance du travail mené par les Régies. Pour le Mouvement, il s’agit d’un point d’appui important dans la perspective d’un plaidoyer politique renouvelé.

Le mot de clôture de Soumya Bourouaha a confirmé cette volonté d’inscrire les Régies dans les réflexions parlementaires actuelles. Ce colloque, qui a permis de donner corps à des échanges concrets et incarnés, ne constitue pas une fin en soi. Il ouvre une dynamique de travail à construire collectivement dans les mois à venir.

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Plaidoyer du Mouvement des Régies
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