franc charron

Entretien avec Franck Charron

Adjoint à la cheffe du bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie professionnelle

Quelles sont les priorités du Service des Droits des Femmes (SDFE) en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes (accès aux droits, lutte contre les violences dans le monde professionnel, égalité professionnelle, culture de l’égalité...), et comment les services de l’Etat les déploient-ils ?


Au sein de la DGCS [Direction Générale de la Cohésion Sociale], le SDFE impulse, coordonne et anime l’action interministérielle relative aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Les priorités du SDFE portent principalement sur trois thématiques :

  • L’accès effectif des femmes à leurs droits et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ;
  • L’autonomisation économique des femmes, la mixité des emplois et l’égalité professionnelle ;
  • Le développement d’une culture de l’égalité.

Pour répondre à ces priorités, le SDFE travaille en étroite collaboration avec les réseaux associatifs.
Le SDFE s’appuie aussi sur des outils tels que le Label Egalité professionnel qui récompense l’exemplarité des pratiques d’organismes privés ou publics en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.
Il pilote des accords-cadres tel celui entre l’Etat et Pôle Emploi afin de lutter contre les stéréotypes sexistes, de favoriser la mixité des métiers ou encore d’accompagner l’insertion professionnelle des femmes.
Enfin, le réseau déconcentré du Droits des Femmes et à l’Egalité [échelon régional et échelon départemental] est le relai indispensable sur le territoire métropolitain et en Outre-mer pour mettre en œuvre les
actions au plus près des bénéficiaires.

A votre avis, quel rôle peuvent jouer les Régies de Quartier et de Territoire, et notre tête de réseau, dans la lutte contre les discriminations faites aux femmes ?

Les 130 Régies de Quartier et de Territoire ont toute leur place dans l’écosystème égalité femmes hommes. Implantées directement sur des territoires pouvant présenter des enjeux spécifiques pour l’accès aux droits, les Régies ont un rôle à jouer pour participer aux actions menées pour favoriser l’accès des femmes à leurs droits, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la mixité des emplois et l’égalité professionnelle, ainsi que le développement d’une culture de l’égalité. Associer les habitantes et habitants activement aux activités menées par les Régies, est source de richesse quant à la réussite des actions mises en œuvre. C’est en effet à la fois par et pour les habitantes que les actions sont réalisées. Ainsi, des initiatives en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes pilotées par des Régies, ou dans lesquelles des
Régies seraient associées, permettraient potentiellement, un impact plus important auprès du public visé.


Pensez-vous à des actions spécifiques que nous pourrions mettre en place, par exemple pour soutenir les mères célibataires pour qui la conciliation vie professionnelle et vie familiale est souvent difficile notamment pour les plus précaires ?

S’agissant des mères célibataires, la lutte contre la précarité des femmes cheffes de familles monoparentales et leurs enfants est non seulement un enjeu social et sociétal majeur, mais aussi un enjeu de performance,
de capacité à innover et d’attractivité pour toutes les organisations. Effectivement, les mères isolées (qui représentent 85% des familles dites « monoparentales ») sont davantage au chômage que les mères vivant en couple, elles sont également plus confrontées à des situations de pauvreté et ont des conditions de vie moins favorables.
Les accompagner est donc un enjeu de l’égalité femmes hommes.
La DGCS — Service droits des femmes et égalité en collaboration avec la sous-direction « enfance et famille » — a organisé des temps d’échanges thématiques sur les mères isolées avec les principaux acteurs
concernés. Une des rencontres portait sur l’emploi et la prise en compte de la vie personnelle et familiale des mères isolées dans le monde du travail. Des propositions d’actions ont alors émergé. À titre d’exemple, il a été évoqué l’élaboration d’outils de sensibilisation à destination des employeurs, la lutte contre les stéréotypes, des actions d’accompagnement des familles monoparentales avec les collectivités territoriales, la facilitation du micro-crédit pour les mères isolées en recherche d’emploi, le développement ou la création de dispositifs d’accueil innovants.
Vous l’aurez compris, beaucoup de chemin reste encore à parcourir pour permettre une égalité réelle entre les femmes et les hommes, et plus particulièrement pour certains publics telles les femmes cheffes de famille monoparentales. L’engagement des Régies peut y contribuer.