Inauguration ferme urbaine Lille

À Lille Sud, une ferme urbaine qui développe une agriculture bio-intensive

À la veille des 48 heures de l’agriculture urbaine, les 28 et 29 avril, Bertrand Arnoux, encadrant coordinateur à l’Association Lille Sud Insertion, la seule Régie de la métropole lilloise, fait visiter la ferme qui sera officiellement inaugurée le soir-même, avant un long week-end d’ouverture au public. Le projet qu’il dévoile a été monté tambour battant avec cinq salariés en insertion – une équipe presque exclusivement féminine. « Quand on a eu les clés en juillet, il y avait la terre et les grilles, sourit-il, on a tout aménagé entre septembre et décembre ».

10.000 tonnes attendues dès la première année

« Ce sont 180 000 € d’investissement », rappelle Alexandre Poivre, directeur de la Régie. Veolia, qui s’intéresse aux fermes urbaines et devait initialement porter le projet, reste un partenaire précieux. Elle fournit le logiciel qui a permis d’évaluer la production à 10.000 tonnes pour la première année sur 4.500 hectares, dont 850 protégés par une serre bi-chapelle thermo-régulée où s’insère une autre serre plus chaude, pour les semis.

Une extension à 10.000 hectares est prévue, avec pour horizon une production de 37.000 tonnes, pour laquelle il faudra trouver des débouchés. La programmation permettra dès la seconde année de mettre en place un système de précommandes à destination des restaurateurs, des grossistes, des épiceries, calé sur les prix du marché. Une partie sera écoulée en vente directe. Comme toute Régie, Lille Sud Insertion veille à la viabilité de son modèle économique. D’autres activités vont se développer dans l’animation et la formation, en premier lieu pour les salariés en insertion, puis d’autres publics à terme.

L’ambition d’une agriculture biologique de qualité

Le choix s’est porté sur le maraîchage bio-intensif. Le travail est presque entièrement manuel, avec des outils permettant d’aérer la terre sans la retourner et nuire à la stratification des sols : grelinette, campagnol et microculteur – ce dernier branché sur un moteur de perceuse. La proximité du périphérique nécessite une expertise pour déterminer l’impact des particules fines. Bertrand Arnoux connaît le sujet, il a étudié les Sciences et vie de la terre avec une spécialité dans la dépollution des sols.

Portraits salariés ferme urbaine Lille

Un débouché professionnel pour les habitants du quartier

Agnès Viccaine est dans sa deuxième année de CDDI. Cette mère célibataire n’a plus désormais qu’un seul enfant à charge, une petite fille de douze ans. Formée en restauration, elle a aussi fait des ménages et a été autoentrepreneuse. Sa vie familiale l’a contrainte à interrompre sa carrière. Quand elle a entendu parler de la création d’une ferme urbaine au pied de son immeuble, elle est allée voir sa conseillère Pôle Emploi. Elle a candidaté et a été prise.

Elle ne connaissait le jardinage que par le potager de ses parents, mais sa fille aînée a fait des études horticoles, elle était un peu en terrain connu. Cette expérience a été une révélation et même si rien ne l’y oblige dans le cadre d’un contrat d’insertion, elle compte bien poursuivre dans cette voie. « L’un des objectifs de la Mairie était de créer des emplois, c’est aussi ce qui les a intéressés dans notre proposition » commente Alexandre Poivre. « Nous sommes à la Porte de Béthune, le quartier le plus pauvre de la ville. Pour atteindre nos objectifs, il est nécessaire que nous allions au-delà des trois ans accordés pour l’instant. »

Photographies et textes : © Olivier Favier