Portrait salarié Régie de Quartier Paris Centre

À Paris Centre, le dispositif premières heures s’adresse à ceux qui sont le plus éloignés de l’emploi

La Régie de Paris centre a pour particularité de ne pas être rattachée à un quartier prioritaire de la ville. « Nous sommes sur un secteur où il y a des riches et des très riches, mais aussi une extrême pauvreté, des gens qui dorment dans la rue » explique Valérie Hentz, qui dirige l’association depuis 2014. C’est aussi en raison de ce tissu social particulier, de ces violentes inégalités sociales, que la Régie a été pionnière dans l’expérimentation du dispositif Premières Heures, depuis 2010. « Il a été lancé à l’occasion de la rénovation du Quartier des Halles par la Mairie de Paris qui nous l’a proposé, poursuit-elle. L’idée était que les grands chantiers puissent bénéficier aux habitants mais aussi aux SDF. »

Un retour progressif à l’emploi

Le dispositif s’adresse aux personnes les plus éloignées de l’emploi, pour qui l’entrée directe en CDDI a de fortes chances de mener à un échec. On s’en tient à dix heures hebdomadaires – au lieu de vingt-quatre – à raison de deux par jour, sur une période de six à sept mois. Si le nouveau salarié s’adapte bien, on passe à quinze heures durant cinq à six mois. Et dans la moitié des cas environ, le salarié passe en CDDI avec, à l’issue, un possible retour à une vie professionnelle classique. Les plus motivés peuvent démarrer directement par un contrat de quinze heures par semaine.

« La complexité de la chose, précise Valérie Hentz, c’est que nous devons passer par une structure intermédiaire qui fait du portage salarial. Une structure d’insertion comme une Régie ne peut proposer des contrats inférieurs à 24 heures par semaine. La Régie de Quartier ne fait pas de mise à disposition. L’accompagnement de la personne et le dispositif de travail sont à notre charge. » Au départ, tout passait par un système de facturation avec la Mairie de Paris. Avec le temps, cette dernière a choisi de sécuriser le dispositif en accordant une subvention pour une certaine quantité d’heures à réaliser. »

Le programme premières heures c’est 51 chantiers porteurs en France pour 957 parcours annuels réalisés. La Régie de Quartier Paris Centre est l’un des dix-huit lauréats de l’appel à projet lancé par la mairie pour 2023. Il entre dans le cadre du Pacte parisien de lutte contre l’exclusion et du Plan Boost Emploi.

Un accompagnement socio-éducatif indispensable

« Si on ne les stigmatise pas, reprend la directrice, qu’on n’attend rien d’eux et qu’on met un peu de règles, il n’y a pas d’échec complet. » Ce dispositif concerne en moyenne trois salariés par an, deux cette année. « Ils ne viennent pas comme ils veulent, ils ont un planning. Ils sont logés à la même enseigne que les autres. » Leur travail s’ajoute à celui de l’effectif nécessaire au bon déroulé de la mission, mais ils rencontrent dès le premier jour collègues et chef d’équipe. La chargée d’accompagnement social et professionnel fait le lien avec les services sociaux, les structures d’hébergement. Souvent en Centre d’hébergement d’urgence en début du dispositif, ils peuvent accéder à un logement social classique en CDDI. 

Ce parcours idéal a été celui d’un jeune homme qui à son arrivée, dormait dans la rue et ne parlait pas français. Désormais en CDDI, il s’est formé à la réparation des vélos. Un autre monsieur a eu la charge de nettoyer le secteur qu’il connaissait comme SDF. Les commerçants ont commencé à le regarder autrement, au point que tous ont installé des cendriers devant leur boutique et ont cessé de jeter leurs mégots sur le trottoir, par respect pour le travail réalisé.

Photographies et textes : © Olivier Favier

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