Plaidoyer : Améliorons concrètement la vie quotidienne des habitants !

Peut-on imaginer l'avenir des quartiers, des territoires et plus globalement le développement social local dans le pays sans les premiers concernés, les habitants ?

Avec et pour les habitants - salariés et bénévoles engagés - les Régies sont ancrées dans la réalité quotidienne des conditions de vie de chacun et de tous. L'expertise citoyenne et d'usage est au coeur de leur projet politique.

Les chiffres sont clairs : 128 Régies de quartiers ou Régies de territoires, 280 quartiers prioritaires couverts, 2000 administrateurs bénévoles engagés dans la gestion des Régies, plus de 12 000 personnes salariées par an en flux, plus de 145 millions d’euros redistribués en masse salariale et donc directement réinjectés, en circuit court, localement… Les effets et les impacts le sont tout autant avec 5 000 salariés formés par an mais aussi de nombreuses réussites individuelles et collectives : sur le plan social, la réduction de la délinquance, la proximité et le partenariat avec les élus locaux, le renforcement du lien social, la mixité ou encore l’attractivité des territoires.

Nos associations de proximité favorisent l'insertion globale des personnes. Nos salariés, souvent très éloignés de l’emploi, cumulent de nombreuses difficultés sociales, économiques, sanitaires. Pendant leur parcours, nous nous mobilisons collectivement pour leur apporter une solution d’emploi ou de formation. L’accompagnement social proposé aide nos salariés à reprendre confiance en eux, à rebondir pour trouver l‘emploi durable qui leur convient, mais aussi pour recouvrir leurs droits, un logement ou encore mieux se nourrir, sortir de l’isolement et recréer des liens sociaux… Nous sommes un des outils de l’émancipation individuelle et collective.

Pour répondre aux enjeux des quartiers et territoires populaires, nous proposons d’agir en priorité sur ces 5 thématiques :

1. Mettre en oeuvre une transition écologique véritablement solidaire.

Pour cela, il s’agit de favoriser et de soutenir les initiatives, d’encourager les actions innovantes – de disposer de moyens pour se former, s’adapter, sensibiliser. Nous avons les savoir-faire dans nos structures - nos actions sont nombreuses en agriculture urbaine, jardins partagés, paniers solidaires, ressourcerie, mobilité douces, gestion durable des déchets, écogestes…

2. Améliorer durablement la gestion urbaine et territoriale.

Pour des quartiers et des territoires urbains comme ruraux où il fait bon vivre avec des services, des équipements de qualité et partout en nombre suffisant. Les nouveaux contrats de ville « quartiers 2030 » sont l’occasion de développer les partenariats locaux avec notamment les bailleurs, les collectivités locales, services de l’Etat, les habitants et leurs associations. L’ambition doit être de multiplier les initiatives endogènes, d’appuyer le soutien au développement social local, de faire grandir de nos structures existantes
et en créer de nouvelles, partout, en plus grand nombre. Ensemble, nous devons aussi travailler à une relation apaisée, citoyenne et participative avec les habitants. Ainsi, la gestion partagée des structures et des territoires fait des Régies des outils alternatifs de développement local des territoires en difficultés en intervenant conjointement sur de nombreux sujets et problématiques.

3. Faire vivre le droit au travail pour tous en soutenant l’insertion par l’activité économique pour les plus fragiles.

« Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances. » (Art. 5 du préambule de la Constitution de 1946 reprise dans notre Constitution). Pour parvenir à ces objectifs, la volonté politique et les moyens financiers doivent être à la hauteur des attentes. Nous avons besoin d’aides aux postes en insertion qui prennent en compte tous les aspects de l’accompagnement global de nos salariés. Les crédits dédiés doivent être renforcés et fléchés prioritairement pour nos structures en sortant des logiques de mise en concurrence avec de grands opérateurs privés qui revendiquent parfois, à tort, relever de l’économie sociale et solidaire. La commande publique doit renforcer les possibilités de clauses d’insertion et de marchés réservés et/ou d’insertion. Ne manquons pas l’occasion des prochaines transformations et aménagements nécessaires dans les quartiers et territoires prioritaires. Enfin, nous croyons que le travail doit faire sens et peut être émancipateur pour les habitants que nous accompagnons.

4. Encourager plus fortement la participation citoyenne du plus grand nombre.

La démocratie participative est authentique dans les Régies. Les habitants sont majoritaires dans nos instances de gouvernance et participent véritablement à la prise de décisions. Nous faisons nôtre ce slogan : « Rien sur nous sans nous ! » , utilisé pour communiquer l’idée qu’aucune politique ne devrait être décidée sans la participation pleine et directe des membres du groupe concerné. Utilisons autant que possible l’expertise des habitants, et leur souhait d’être force de proposition !

5. Renforcer la cohésion sociale et permettre l’égalité des droits pour tous.

Ces objectifs sont primordiaux et fondamentaux dans une société démocratique. Les habitants, d’où qu’ils viennent, sont les bienvenus. Ils ne sont pas un problème mais constituent la richesse de la Nation. Beaucoup de personnes réfugiées ou migrantes sont salariées de nos structures. Elles y trouvent les ressorts d’une intégration réussie. La dignité retrouvée constitue alors le meilleur tremplin pour reprendre sa vie en mains et donner sens aux valeurs républicaines en participant au projet collectif qui nous unit.

En définitive, avec les Régies de quartier et de territoire l’ambition est de ne laisser personne sur la touche et de permettre au plus grand nombre de nos concitoyens de reprendre le pouvoir sur leur vie individuelle et collective avec « l’indispensable sociabilité et la bienveillance » que nous devons à chacun !

Paris le 9 juin 2023, le Mouvement des Régies