Photo de jardin d'église

Quartiers fertiles à Vierzon, grandes ambitions et cercle vertueux

Nous sommes à la frontière entre la Sologne de Maurice Genevoix et le Berry de George Sand, deux archétypes de la campagne française. Et si Vierzon se remet difficilement de la fin de son aventure industrielle – entre porcelaine, confection et surtout machines agricoles – c’est bien plutôt du côté des retrouvailles avec l’environnement rural et des trésors d’une agriculture innovante, que sa Régie de Territoire se tourne pour élargir ses activités.

Elle n’est pas la seule régie, loin s’en faut, à orienter des chantiers d’insertion vers le maraîchage bio et à oeuvrer au développement des jardins partagés – comme vecteur de lien social, de rapport renouvelé au cadre de vie et surtout comme réponse aux difficultés alimentaires qui se sont aggravées durant le confinement dans les quartiers défavorisés.

À Vierzon cependant, le directeur Jean-Luc Birski a vu les choses en grand. Dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), qui a « pour objectif de réduire les écarts de développement entre les quartiers défavorisés et leurs unités urbaines et d’améliorer les conditions de vie de leurs habitants par des travaux de transformation du cadre de vie », il a positionné la Régie de Territoire C2S Services pour répondre au dispositif Quartiers fertiles.

Diversifier les activités relevait de l’urgence. Avec les plans Borloo 1 et 2, Vierzon a bénéficié d’un programme de rénovation important. Le bâti collectif de la ville a été divisé par cinq en vingt ans. S’y sont ajoutées les difficultés à répondre au bon de commande d’un bailleur social appliquant la réglementation amiante. Comme le résume Jean-Luc Birski : « On était déjà dans l’idée de repenser nos marchés économiques. Il y a d’autres choses à faire que de nettoyer des cages d’escalier. » Par ailleurs la désaffection pour le collectif en habitat social n’a pas signifié la fin de la paupérisation. Simplement, le public est désormais dispersé et le lien se fait par les associations.

Entre 2008 et 2010, la régie avait déjà tenté l’expérience d’un très grand jardin partagé, avec un restaurant associatif. Face à de graves difficultés économiques et au manque de soutien de la collectivité locale, le projet s’est mal terminé. Un incendie criminel a fait le reste.

Cette première expérience a pourtant mis en évidence la nécessité de travailler avec les plus précaires sur la question de l’alimentation.

« L’agriculture aujourd’hui ne correspond pas aux attentes sociétales, aux besoins alimentaires. »

Pour la mise en œuvre du nouveau dispositif, il fallait un site totem : le Moulin de La Chaponnière à Saint-Hilaire-de-Court, ancien centre de loisirs transformé en salle des fêtes, puis confié par la ville à la régie en 2019. On y trouve le chantier d’insertion de maraîchage bio, l’écopôle alimentaire « Alimentation durable et démocratie alimentaire », un jardin pédagogique avec des actions éducatives à destination des enfants et des publics des centres sociaux. « Il s’agit de participer à l’augmentation significative de la production biologique locale » explique Jean-Luc Birski. L’agriculture est un secteur en tension, mais le choix a été fait de ne recruter dans ce chantier d’insertion que des personnes intéressées par ce domaine. « L’agriculture aujourd’hui, poursuit-il, ne correspond pas aux attentes sociétales, aux besoins alimentaires. Notre volonté est de bousculer un peu le monde agricole. » Pour cela il faut travailler sur le modèle économique, avec en ligne de mire la création d’un Pôle d’Équilibre Territorial et Rural Bourges Vierzon. En attendant, la régie compte déjà 12 salariés dans le secteur. Les jardins en pied d’immeuble – auxquels s’ajoute le nouveau jardin de cure, autour de l’église Notre-Dame – se multiplient un peu partout dans Vierzon, une façon de redonner le goût du collectif, dans la meilleure tradition de l’éducation populaire.

Un jardin à Vierzon
Vierzon
Jardin abandonné
Parcelle en cours d'installation