Photo de l'équipe du Tiers-Lieu de La Machinerie

Tiers-Lieu à Grenoble, « un lieu attrayant » et « un autre schéma de circulation »

Guillaume Bourdon a pris la direction de la Régie de Villeuneuve-Village olympique au printemps, après 17 années d’expérience dans l’Insertion par l’activité économique (IAE). Les initiatives sont nombreuses au coeur de ce grand ensemble d’urbanisation du sud de la métropole grenobloise qui fêtera ses 50 ans en 2022. Son arrivée a notamment coïncidé avec l’ouverture du Tiers-Lieu « La Machinerie », en gestation depuis deux ans.

Le nouveau directeur aime à mettre l’accent sur le Pôle d’utilité sociale de la régie, citant en exemple les médiateurs de nuit, qui proposent entre autres choses d’accompagner les habitantes jusqu’à leur domicile en soirée. Il couvre en effet des missions essentielles dans ce quartier de 12 000 habitants qui souffre de stigmatisation, depuis qu’à la suite des émeutes urbaines de 2010, Nicolas Sarkozy y a prononcé son célèbre « Discours de Grenoble ». Bien sûr, la vente de stupéfiants s’y déploie à grande échelle, sans la moindre discrétion, et les propriétaires venus de la classe populaire ont vu les prix de leur bien s’effondrer. Bien sûr, dans la gestion des déchets ou des encombrants, certains habitants ne font pas beaucoup d’efforts et dans certaines parties de la cité, la prolifération des rats n’a rien à envier au centre de Paris.

Pour autant, civisme et lien social vont de pair, et c’est le sens des nouveaux projets menés par la Régie. Au départ il y a celui de la Conciergerie solidaire dont est chargée Marine Poder, arrivée en 2018. « Il s’agissait, explique-t-elle, de couvrir des besoins non couverts et d’offrir un espace convivial pour les activités culturelles et éducatives. » La phase test a commencé fin 2019 pour un lancement début 2020. Parallèlement, l’accent a été mis sur l’ouverture du Tiers-Lieu, avec de nouveaux projets à déployer cet automne, autour de la créativité numérique, de l’aide administrative, de l’accompagnement des seniors. Le Tiers-Lieu, résume-t-elle, doit devenir « une sorte de vitrine de la régie ». C’est aussi l’occasion de rappeler que la Machinerie a été l’une des 32 lauréates de l’appel à projets national « Fabrique Numérique de territoire », lui permettant d’étoffer son offre et de rassembler les compétences disponibles dans le quartier. « Il faut en faire un lieu attrayant qui nous permette de faire venir des gens » renchérit Jouda Bardi, médiatrice sociale puis associative à la Régie depuis 2013. Elle travaille notamment à la lutte contre les discriminations. « Dans les quartiers prioritaires, celles-ci frappent surtout les femmes, et on agit pour elles. C’est un constat, pas une volonté de départ » précise-t-elle dans un sourire.

« Le Tiers-Lieu doit devenir une sorte de vitrine de la régie. »

« Le lieu est ouvert à tous sans condition de domicile, poursuit Marine Poder, les gens entrent aussi parce qu’ils sont passés devant en tramway. Mais les fréquentations régulières restent plutôt le fait de gens du quartier. » Le Tiers-Lieu a déplacé la boutique solidaire Pêle-mêle de la place du marché du quartier Villeneuve vers cette zone limitrophe avec le village olympique. Ce déplacement a bousculé certaines habitudes et implique un « autre schéma de circulation ». « L’Animation territoriale citoyenne nous a enfin permis de faire le lien entre les deux quartiers » explique Jouda Bardi. « Dans le cadre de l’ATC on s’est dit qu’on pouvait réfléchir à la création d’un comité d’usagers pour faire vivre le Tiers-Lieu. » Marine Poder y voit « un projet de co-animation entre usagers et animateurs, lesquels seraient à terme plus des facilitateurs que des forces de proposition. » Elle ajoute : « Un projet comme celui-ci change la donne auprès des habitants et des partenaires. Reste à savoir comment le pérenniser. »

photo immeuble à Villeneuve
photo de jardin
photo immeuble à Villeneuve