Bien-être et confiance en soi sont au cœur du travail de lien social et le sport, assurément, une voie royale pour y accéder.
Entrée à la Régie de Territoire de la Vallée du Lot en 2019, Marie Granger est devenue conseillère d’insertion professionnelle grâce à une formation en alternance. Très vite, elle a ressenti la nécessité de proposer des activités physiques et elle a imaginé un projet sport-santé pour les salarié.es en insertion. Une nouvelle formation a fait d’elle une titulaire du BPJEPS. Désormais chargée de projet d’éducation populaire, elle s’est occupée seule pendant plus d’un an de la nouvelle épicerie sociale.
Depuis septembre 2023, elle coordonne le pôle lien social de la Régie. Le sport lui permet d’être sur le terrain, au contact des salarié.es mais aussi des habitant.es. En plus des grands classiques comme le football, Marie Granger propose de la marche active – « le terme fait moins peur que randonnée » sourit-elle – de l’ultimate – pratique collective du frisbee – des rallyes-photos – pour aller à la découverte des lieux et de leur histoire – mais aussi du tir à l’arc et de la sarbacane.
Le sport, une passion contagieuse
Marie Granger a passé son bac à distance et n’avait pas à l’entrée dans l’âge adulte une grande appétence pour les études. Elle a travaillé dans la restauration et s’est investie comme bénévole pour la Croix Rouge. Le goût du contact et du social l’ont amené naturellement vers la Régie, où elle n’en finit pas de monter en compétence. Elle repartira bientôt en formation, avec un DEJEPS en perspective. Dans son temps libre, elle va à la salle de sport, pratique la natation, la course et le cyclisme. « Ma petite gloire personnelle c’est d’avoir traversé la Corse par le GR20. »
Elle sait aussi transmettre sa passion : « Avant d’aller faire du sport avec les salarié.es, on discute. Beaucoup pensent que ça n’est pas pour elles ou eux. Quand on leur demande que faites-vous après le travail, la plupart disent qu’ils vont marcher ou bien faire le ménage. Eh bien voilà, l’activité fait donc partie de leurs vies ! Deux salariés en fin de cycle se sont même inscrits à la salle de sport ! »
Dans quelques mois, la Régie va embaucher un autre permanent doté d’un BPJEPS. Avec l’animateur du centre social, elle a repéré deux jeunes qui ont de grandes capacités au basket. Leur idée commune est de les orienter vers un entraînement régulier pour, qui sait, un jour, rejoindre le haut niveau.
Le tir à l’arc et la maîtrise des émotions
La séance de tir à l’arc a lieu derrière la ressourcerie de la Régie. Les employés ont installé un grand drap blanc et des cibles devant une butte en terre. L’espace est sécurisé. Trois salariées en insertion découvrent la discipline. L’une a des douleurs à l’épaule, les deux autres peuvent se prêter plus facilement au jeu. Et pour l’une d’elles, c’est une révélation. « Quand elle s’est présentée, explique Marie Granger, elle était très timide, elle avait perdu complètement ses moyens lors du premier entretien. »
Dans cette discipline qui requiert une très grande tranquillité intérieure et un mélange savant de concentration et de détachement, c’est pourtant peu dire qu’elle excelle. Aucune flèche ne sort de la cible, la posture est parfaite, les mains ne tremblent pas. Pour finir, les salariées s’exercent à la sarbacane.
Toutes trois reviennent heureuses de cette après-midi inattendue. Pour l’une d’elles sans doute, le souvenir s’enrichit de la certitude d’avoir réussi quelque chose et d’avoir pu donner la preuve d’un nouveau talent. C’est ainsi, on l’espère, que peut se dessiner le début d’un cercle vertueux.
Photographies et textes : © Olivier Favier